BILAN
RAPPELS : Je possède cet
instrument depuis juillet 2002. Mes observations se sont principalement
déroulées en milieu urbain depuis mon balcon, ce qui explique pourquoi je
me suis orienté vers des observations planétaires plutôt que stellaires.
Celà, bien sûr, ne veut pas dire que le Clavius est un instrument
exclusivement dédié à ce type d'observation, bien au contraire. Lors de
mes sorties en pleine nature, que je fais principalement accompagnées
d'autres amateurs ou dans le cadre d'animations scolaires, les objets du
ciel profond ont été particulièrement appréciés avec cet instrument. Selon
mon avis et ceux d'autres amateurs la première impression que nous donne
le Clavius à l'oculaire est le contraste de l'image. Sur la lune ou les
planètes c'est encore plus flagrant étant donné que ces astres offrent
plus de détails. La majorité des observateurs expérimentés ne manquent pas
de dire que le Clavius offre une qualité d'image comparable à ce qu'offre
d'autres instruments de diamètres de 200mm voire plus dans certains cas.
Ce qui est certain, c'est que le Clavius 166 offre des performances
équivalentes à ce que l'on obtient avec une lunette apochromatique d'un
diamètre à peine inférieur. Combien coûte une telle lunette ? Quel est son
poids et son encombrement ?
FINITIONS ET USAGES : Le tube :
conçu en fibre de carbone, le Clavius bénéficie d'une bonne rigidité et
d'une grande rapidité à se mettre à la température ambiante. En effet, il
lui faut parfois moins des 30 minutes habituelles pour se stabiliser alors
qu'il me fallait plus d'une heure avec mon C8 ou mon Newton 200mm ! Si
vous possédez une monture de type Perl-Vixen GP ou mieux encore, vous
n'aurez aucun soucis avec un quelconque phénomène de vibration dans des
conditions d'observation résonnables bien entendu. Si le vent soufle en
rafale, même pas la peine de sortir quelque soit l'instrument.
Le
chercheur : celui-ci bénéficie de deux anneaux dotés de trois vis
de serrage ; le tout monté sur une queue d'aronde. Je dois dire qu'à
l'usage, celui-ci est bien fait, car j'interviens rarement sur
l'alignement du chercheur avec le tube. On le monte et le démonte en 1 sec
sans perte du parallélisme. C'est un chercheur 8x50 de bonne facture, avec
une qualité d'image plutôt bonne même si on observe un peu de coma en
bordure de champ. Ceci dit, depuis que j'observe, quelque soit les
instruments et les chercheurs je ne m'y suis jamais fait. Je l'utilise
principalement pour affiner ma recherche d'objet quand le besoin s'en fait
sentir, autrement je préfère profiter du confort offert par un
telrad.
Le Crayford : on ne trouve pas plus simple dans
le principe. Associé à la qualité optique du Clavius, le Crayford permet
de réussir à tous les coups sa mise au point avec un bon confort dans la
manipulation de la molette à condition de ne pas trop serrer les vis
maintenant cette dernière. Grâce à ces vis, on règle la souplesse ou la
dureté du déplacement du porte-oculaire. De plus, ce système offre une
complète absence de jeu dans le déplacement du porte-oculaire, ce qui me
change des problèmes que je rencontre avec ma lunette dédiée aux
observations solaires et à mon ancien C8. Hé oui, sur le Clavius le miroir
primaire est absolument fixe. Grâce à la robustesse du porte-oculaire, on
n'est gêné par aucune torsion de l'ensemble ni aucun jeu. J'ai utilisé une
caméra ST6 (plus de 1Kg, la bête) derrière le renvoi coudé et j'utilise un
appareil photo numérique Casio qui pèse dans les 400 g ; avec ces deux
matériels aucune faiblesse ne se fait sentir. Toutefois, si le tube est
incliné à plus de 45° par rapport à l'horizon il devient nécessaire de
serrer la vis principale afin que plus rien ne se déplace. Je parle bien
sûr, je le rappelle, du Clavius 1ère génération. Sur la seconde version,
il semble que cet ensemble ait évolué.
Le renvoi coudé :
C'est une belle pièce dont le miroir fait 50mm de diamètre tout
aussi robuste que le porte-oculaire. Celui-ci est maintenu par une bague
de laiton serrée par 3 vis. Il faut faire attention tout de même à bien
positionner le renvoi coudé contre le porte-oculaire pour ne pas voir le
champ se tronquer. C'est en quelque sorte un contrôle de l'alignement
optique de l'ensemble. Cette pièce peut recevoir tout type de diamètres
d'oculaires de 24.5 à 50.8mm.
Le miroir secondaire :
Comme toutes les pièces optiques de l'instrument celui-ci est
sphérique et ne craint pas l'humidité comme j'ai pu le lire parfois si on
prend soin de rajouter un pare-buée à l'ouverture. J'ai toujours
fonctionné ainsi, et même dans des conditions de grande humidité comme
j'ai pu rencontrer au col du Ferrier au-dessus de Grasse, je n'ai jamais
eu de soucis contrairement au chercheur qui, lui, était trempé. Avec moins
de 24% d'obturation du miroir primaire, le secondaire est supporté par une
araignée dont les branches sont extrêmement fines et rigides. Sur la
question de la collimation, en deux ans, je ne l'ai collimaté qu'une seule fois ; et encore parce que je suis devenu pointilleux
avec l'expérience.
Le relai : C'est ce qui fait
l'originalité du Clavius. Là où on trouve des instruments dotés d'une lame
de correction de sphéricité des miroirs, on trouve un ensemble de six
lentilles dans verre Extra Low Dispersion qui remplit parfaitement ce rôle
et qui permet surtout de s'affranchir de la buée. Combien de fois, j'ai dû
interrompre mes observations avec mon Schmidt-Cassegrain lorsque la lame
en était complètement recouverte ? De plus, grâce à cette pièce le champ
est très plan comparé aux autres instruments. C'est flagrant lorsque l'on
s'amuse à faire des mosaiques lunaires. Comme par enchantement, les pièces
du puzzle correspondent parfaitement entre elles. Le relai est aussi la
partie "presque" invisible de l'instrument. On ne peut voir que la
première lentille à l'extrêmité du baffle à l'intérieur du tube et la
dernière lentille au niveau du porte-oculaire. Le principe du relai, en
plus de remplacer la lame de fermeture des traditionnels Cassegrain est de
projeter à l'arrière du tube l'image au foyer se formant à l'intérieur du
tube cette fois-ci. C'est un principe vieux de plus de cent ans mais dont
la conception est extrêmement difficile à mettre en oeuvre. Grâce à un
ingénieux inventeur, Michel Paramythioti, qui a su mettre à profit la
simulation informatique, ce relai a enfin été réalisé. Margré les divers
spéculations à son sujet et sur la collimation de l'instrument, en deux
ans, tout est resté en place malgré le fait que parfois mon Clavius est
rudement mené.
Le miroir primaire : Clavé le garanti à
lambda sur 8 par interférométrique laser. C'est bien tout çà !
Personnellement, je ne suis pas du genre à me gaver avec ce type
d'arguments. Je laisse çà aux fantasmeurs et aux puristes. Ce que je vois,
ce sont les résultats que j'obtiens et j'en suis pleinement satisfait, je
ne peux pas en dire autant des instruments que j'ai eu en ma possession !
Cette partie de l'instrument est fixe ce qui rajoute encore de l'intérêt
lors des déplacements du télescope. Pas de shifting incessant, pas de
crainte de le brusquer un peu.
Les bonnettes de protection : Une petite bonnette de protection vient s'installer faclilement
sur le renvoi coudé pour protéger le miroir de la poussière. Par contre,
la bonnette servant à boucher l'ouverture du télescope n'est absolument
pas pratique à mettre en place. Celle-ci a été conçu trop juste et il ne
faut pas être manchot pour l'installer. En deux ans, j'ai encore parfois
du mal ! J'espère que ce détail s'est perfectionné avec la deuxième
génération d'instrument.
UN
INSTRUMENT QUI A FAIT COULE BEAUCOUP D'ENCRE (et c'est pas fini
!)
Fin 2000, la revue Ciel&Espace publie un article sur la
nouvelle venue du Clavius 166 en le présentant comme un instrument
révolutionnaire, le mot qui tue !
Il est vrai qu'en France et
surtout dans le domaine de l'astronomie on a tendance à se méfier
des titres à sensation surtout lorsque ceux-ci comporte des
superlatifs comme celui-ci.
A première vue l'article présente le
télescope plutôt comme un instrument de bonne facture, sans plus, en
attendant les premiers résultats obtenus en situation réelle par des
amateurs. En tout cas, ce qui a été retenu dans le titre, c'est que
le Clavius était Ré-vo-lu-tion-naire !
Pensez donc, qu'on allait
l'attendre au tournant celui-là. Comment un instrument, appelé
"Clavius", de fabrication française (même pas japonaise, ni même
américaine ou allemande voire russe) pouvait concurrencer des
marques déjà bien installées sur le marché, dont la maîtrise de la
technique optique est confirmée. A lire, les différents Posts qui
courûrent sur les forums il fût évident que le Clavius risquait de
poser quelques soucis aux mastodontes déjà bien établis. Le plus
étonnant est que même des amateurs ont sentit l'orage venir. Hé oui,
des amateurs dont je tairai les noms (car après tout ils font ce
qu'ils veulent) , profitent allègrement sous une forme ou une autre
d'intéressements financiers ou matériels de la part de certaines
marques à la vue de leurs publications. D'autres, craignent de
remettre en cause leur achat fait récemment et voir un télescope de
diamètre inférieur à la hauteur de celui qu'ils possèdent. Certains
encore, ne jurent que par un type ou un autre type de télescope.
Ainsi, on peut lire çà et là : "rien ne vaut un bon Dobson", "rien
n'est meilleur qu'une lunette apochromatique", "rien ne surclasse un
Maksutov ou un Richtey-Chrétien" ou encore "rien n'est mieux qu'un
simple Newton ou un Schmidt-Cassegrain". Bon, j'exagère un peu, mais
dans l'esprit c'est çà ; et chacun défend son propre instrument, ce
qui est légitime après tout. Défendre ? Contre quoi ? Alors comment
un tel télescope comme le Clavius allait faire face à une telle
concurrence ?
Je vous rassure, face à l'inquiétude, il n'a pas
fallu longtemps à certains pour le descendre en flèche ! Et ce fût
réussit, je dois dire. L'instrument qui avait tout pour réussir
allait vite connaître des jours sombres, surtout ses concepteurs qui
en plus d'être bafoués allaient connaître des démêlés avec la boîte
chargée de fabriquer le télescope et de le vendre. Vraiment, c'était
mal parti, et la perche allait être involontairement tendue pour le
coup de grâce !
En juillet 2002, je reçois donc mon instrument.
Je fais quelques tests rapides depuis mon balcon sur des étoiles et
la lune. Détectant un souci au niveau de la mise au point qui me
semblait pas franche, je demandais à ma fiancée (doctorante à
l'époque) de jeter un oeil. En effet, petit soucis, même gros
soucis. Bref, pourtant quand la mise au point semble faite, l'image
semble très correcte. Quelques jours plus tard, je suis convié à une
star-party à Mons où plutôt mon Clavius est convié. J'installe mon
instrument qui ne manque pas de faire des curieux. Tu m'étonnes ! Cà
fait un an et demi qu'on attend de lui casser la gueule. En
attendant la nuit, chacun va pour dire, que l'instrument semble être
de construction sérieuse, belle finition, etc... Bref, bel
instrument ! En début de soirée, je pointe plusieurs objets du ciel
profond. Là, les gens sont ravis : "belle image, beau contraste,
belle finesse..." J'en oublie un peu mon soucis rencontré auparavant.
Lors de ces rencontres amicalement, il y a toujours
le spécialiste de quelque chose qui traine quelque part près à
déceler les soucis de chacun. Lorsqu'un spécialiste de l'optique
s'est présenté à moi pour faire quelques tests du Clavius, pour voir
ce qu'il a dans le ventre, j'ai dit "pas de problème", vas-y (hé !
Moi aussi j'ai envie de savoir ce que cache la bête !). Sur ce, il
effectue un star-test (à l'époque je ne savais même pas ce que
c'était) qui l'inquiête un peu et effectue un test de Ronchi (encore
pire !) pour confirmer le problème. En effet, le Clavius souffre de
défaut de sphéricité ! Tiens, tu m'étonnes que je n'arrivait pas à
faire la mise au point au taquet avec. En discutant, il me conseille
vite de renvoyer le télescope chez le fabricant en lui expliquant le
problème. Ce que je fais dès le lundi suivant. La société me demande
de renvoyé l'instrument pour contrôle, ce que je fais immédiatement.
Au retour de l'instrument, le problème demeure et là, je commence à
avoir les abeilles comme dirait l'autre. Coup de téléphone à la
société qui semble ne pas comprendre et face à mon mécontentement et
dans un soucis de satisfaire pleinement ma demande, je me vois payer
un voyage vers Paris où je ramène mon instrument. Sur place des
télescopes sont sur des bancs d'essais, j'essaie, je choisi,
satisfait je repart le soir même pour Grasse avec mon nouvel
instrument. Là, je dois dire, le service est tip-top d'autant plus
qu'ils sont venus me chercher à la gare et m'ont ramené. Je n'ai pas
en mémoire des revendeurs capables d'un tel geste
commercial.
Durant ma triste aventure et suite à la star-party,
les posts sont allés bon-train sur les forums avant même de
connaître le fin fond du problème (soucis de transport, un pièce
optique qui se déplace...) On ne cherche pas à savoir pourquoi il y
a eu ce soucis mais immédiatement on en tire des conclusions hâtives
: "Le Clavius en gros est un instrument qui n'est pas à la hauteur
de ses prétentions ! C'est une daube ! Ouf, on a eu chaud !" Ceci,
malgré d'autres témoignages de personnes qui possèdent aussi le
Clavius et qui en ont été content dès la première utilisation. Après
tout, ce n'est pas parce qu'un modèle est défectueux que toute la
série l'est. Et puis, l'avantage avec ce type d'optique est que s'il
y a un soucis il est visible de suite, on ne peut pas faire
autrement. Quand, je pense que certains on des "daubes" comme ils
disent et qu'ils ne s'en rendent pas compte au bout de quelques
années d'utilisation... Voilà, la perche a été tendue, elle a été
saisie par les plus inquiets et les plus jaloux. le Clavius venait
de perdre beaucoup de sa crédibilité. Jusqu'au jour
où...
Profitant de mon nouvel instrument en remplacement de mon
C8, en septembre 2002, je commence à me mettre à la webcam. Ce
joujou, m'amuse vraiment, et comme je suis convaincu d'avoir un
excellent télescope, j'essaie d'en tirer le meilleur parti possible.
Je ne suis pas un surdoué en la matière mais les progrès vont
bon-train au fil des lectures et des conseils que je glâne ici et là
sur internet. Je me fais la main, avant de partir au travail le
matin, sur le Soleil. Rapidement, les images commencent à être
diffusées sur internet, toujours en prenant les conseils ici et là
d'autres webcamistes. Très vite, sur une liste spécialisée, je
commence à déranger avec mes images du Soleil qui se font de plus en
plus précises dans le rendu des tâches et de la granulation solaire
qui apparait chaque fois que la turbulence veut bien se calmer un
peu, alors que d'autres galèrent avec leur instrument de diamètre
supérieur.
Au bout d'un certain temps, l'administrateur, avec qui
j'ai de bons contacts personnels, m'explique gentiment en décrivant
sa propre position, que certains co-listiers se sont plaints auprès
de lui de l'abondance de mes images sur la liste (en moyenne 5 par
semaine, c'est vrai que c'est beaucoup, non ?). Je lui explique de
mon côté que je comprend sa position délicate, que de tels
comportements m'étonnent un peu, et que j'avais fait des émules sur
l'astronomie solaire avec mes images (avec mes images ou avec mon
Clavius ?). Comme ces derniers menaçaient de quitter la liste et que
je n'avait pas l'intention de réduire mon rythme de diffusion, je
lui est fait savoir que je quittait moi-même la liste plutôt que de
laisser partir des gens déjà bien encrés dans celle-ci. Essayant de
trouver une autre solution, l'administrateur tenta de me retenir,
mais je suis très butté ! Et comme je n'aime pas déranger par ma
présence, je préfère partir. Ceci a vallut une petit colère sur la
liste de la part de ce même administrateur à qui je n'en veut pas du
tout, qu'il se rassure. Pour la petite histoire, ayant marre de
modérer la liste par les plaintes, les exigences et les mauvais
caractères de certains, lui-même a quitté cette liste quelques mois
plus tards.
Je continue donc, de mon côté à faire mes petites
images en m'attaquant aux planètes cette fois-ci. Ma première cible
est Saturne. Les premières images, quand je les regarde maintenant,
sont pitoyables. Je galère un peu. Toujours en m'informant de part
et d'autre sur les forums, j'améliore ma technique. Comme pour le
Soleil, les progrès avancent mais la météo n'est pas toujours de mon
côté, au niveau de la turbulence.
Le 27 janvier 2003, comme à son
habitude mon télescope est en station sur le balcon avec webcam, Pc
portable, tout le bazard, quoi ! Saturne n'est plus vraiment en
bonne position d'observation, car juste après la tombée de la nuit
je suis gêné par le balcon du voisin du dessus qui se trouve dans
l'alignement Saturne-Télescope. La turbulence ce soir là est plutôt
moyenne, je passe près d'une demi-heure au crépuscule à faire une
mise au point sur Saturne avec le Clavius, un webcam Philips Toucam
Pro montée sur deux barlows en série séparées par un tirage de
quelques centimètres. L'image est assez grande sur l'écran
d'acquisition du logiciel Qcfocus. Je me dis, c'est juste en
luminosité, mais bon, soyons fous, je monte un peu le gain. Si çà
donne un résultat correct je serai content. Je fais un ou deux AVIs
pour voir comment tout çà se comporte. Dans le même temps, j'affine,
grâce au Crayford, la mise au point. Bon, allez, je ne touche plus
rien. De plus, je dois préparer à manger pour ce soir, car la copine
va pas tarder et elle a toujours faim, elle ! De temps en temps je
surveille l'écran pour voir si la planète est toujours centrée.
J'ajuste un peu car elle s'est déplacée et là ... L'image ressemble
à une image fixe ! Rien ne semble bouger, on voit très bien la
division de Cassini sur tout le tour de la planète mais pas la
division de Encke (faut pas pousser tout de même), l'image semble
figée. Au départ je crois à un plantage du PC mais en bougeant
légèrement le tube, je vois que non, c'est bien du direct ! J'envoie
l'acquisition tant que je peux. Plus je ferai d'images, me dis-je,
et mieux ce sera. Hélas, Saturne est déjà presque de l'autre côté du
balcon chez le voisin. Après 1600 frames capturées, je relance un
AVI histoire d'assurer, mais là l'image s'assombrie, Saturne passe
et je sais que je ne referai plus d'image de la planète aux anneaux
ce soir.
Je repart à ma tembouille car la soirée approche. En
attendant la suite de l'observation, j'envoie l'AVI en prétraitement
dans Registax, curieux de voir le résultat. Avec le PC que j'avais à
l'époque, dans ce format d'image avec 1600 frames, celui-ci à
travailler presque 3 heures au compositage. Woah, je ne ferai pas çà
tous les jours ! Une fois le compositage terminé, l'image apparait.
Je me dis, "ben c'est pas si mal !" Alors, j'applique quelques
ondelettes Dyadic qui vont biens et là je sais que l'image va être
bien. Je suis toutefois un peu agacé car dans la précipitation lors
de l'acquisition je n'ai pas remarqué que le centre du disque
saturait. D'ailleurs, sur les brutes çà ne se voyait pas vraiment.
Je tente de compenser le problème sous Photoshop, l'image est lisse,
assez détaillée mais une petite rectification de la colorimétrie
s'impose car celle-ci est un peu pâle. Un dernier petit coup de
masque flou, un second lissage, voilà, elle est bien comme çà, même
si j'ai toujours cette saturation du centre du disque. Enfin, je me
dis que je pourrai en refaire des comme çà plus tard en améliorant
encore le compositage et la technique de traitement. Toutefois,
c'est à ce moment là, ma plus belle image avec une webcam et je suis
pas mécontent de moi, pour une fois.
J'envoie l'image par e-mail
chez le revendeur du Clavius, comme je le faisais de temps en temps,
en leur expliquant comment j'ai réalisé l'image, que je trouvais pas
mal pour un instrument de cette gamme, mais pour leur dire que
j'étais satisfais de mon achat. Sur ce, je reçois coup de fil de la
part d'un des concepteurs du Clavius, me faisant toutes les éloges
possibles et imaginables sur mon image. J'avoue être un peu étonné.
Elle est bien oui, mais bon, on a vu mieux (peut-être pas avec un
160mm mais il est vrai que le moment de seeing était je pense
exceptionnel). Il m'explique que la production du Clavius était
suspendue pour une durée indéterminée et qu'ils étaient prêts à
arrêter définitivement la production. Cependant, au moment où ils
avaient le moral dans les chaussettes, l'image de Saturne à relancer
l'envie de continuer l'aventure et c'est tant mieux. En effet, la
société distributrice du produit (dont c'était l'activité annexe) à
déposer le bilan sans rien dire à personne et après avoir fait
quelques coups fourrés à l'encontre des concepteurs du Clavius. En
attendant de trouver un nouvel industriel et un nouveau distributeur
les concepteurs en ont profité pour paufiner l'instrument et
concevoir des diamètres plus importants.
Lors de la même
conversation téléphonique, l'un des concepteurs me conseille de
faire publier l'image dans Ciel&Espace. J'avoue que j'ai hésité
plusieurs semaines car ce n'est pas trop dans mon esprit d'astronome
amateur. Je préfère la diffuser sur un forum, espérant en faire
profiter à d'autres et aussi échanger les conseils des uns et des
autres dans l'espoir de réitérer l'exploit plus tard. Malgré tout,
l'image sera quand même dans un numéro de Ciel&Espace quelque
mois après, noyées parmi tant d'autres belles images de Saturne.
En attendant, les éloges mais surtout les critiques infondées
sur l'image fusaient sur les forums prétextant même qu'elle n'avait
pas été réalisée avec le Clavius. Ben, non, voyons ! Avec quoi
d'autres, alors ? Des propos calomnieux ont prétendu que l'image
avait été truquée, que c'est pas moi qui l'avait faite, etc... Un an
après j'ai une personne qui m'écrit et qui relance le débat en
affirmant haut et fort que compte-tenu de mes travaux précédents
avec le Clavius et de la qualité de l'image, il n'était pas possible
que j'ai pu faire celle-ci avec un télescope de 160mm. J'aime bien
les critiques, c'est nécessaire pour avancer en astronomie, mais
uniquement lorsqu'elles reposent sur quelque chose de concret et
qu'elles ne sont pas gratuites mais plutôt constructives.
Maintenant, la même personne me demande de prouver que l'image a été
réalisée avec l'instrument. J'en suis bien incapable pour la bonne
raison que je n'ai pas conservé le film dans l'espoir de refaire
d'autres images tout aussi biens mais surtout parce qu'à l'époque,
ne possédant pas de graveur sur mon portable et ayant un disque dur
de faible capacité, je n'ai pas voulu encombrer mon PC avec un
fichier très lourd. Bon, oui, j'ai pas eu le réflex de faire une
sauvegarde via un graveur externe emprunté à quelqu'un. C'est une
leçon que je ne suis pas prêt d'oublier mais c'est pas pour autant
que je suis un menteur ! Et après tout, puisque cette personne
prétend une telle chose, à elle de prouver que l'image n'a pas été
faite avec le Clavius, puisqu'apparemment celle-ci n'a que çà à faire que de bafouer le travail d'autrui !
Voilà, si vous avez
du temps à perdre ou si vous voulez vous faire une idée de
l'ambiance reignante à chaque fois que l'on prononce le mot
'Clavius', les liens suivants sont là pour çà ! Quand je dis que le
Clavius fait couler beaucoup d'encre, je devrais dire qu'il fait
s'illuminer beaucoup de pixels.
IMAGES
Voici ci-dessous, quelques images
réalisées avec le Clavius 166 de 1ère génération. Toutes ou
presque ont été réalisées en ville depuis mon balcon ou le
parking de la propriété où je loge temporairement à Los
Angeles. Toutes ont été réalisées à partir d'une webcam ou un
appareil photo compact numérique.
|
REMARQUES LES PLUS COURANTES
Ces remarques sont souvent faites par des
personnes qui n'ont pas une complète connaissance de
l'instrument ou du marché de l'instrumentation astronomique
amateur. Voici un ou deux exemples : Un 160mm à 3000
euros, c'est cher ! Combien de fois, a-t-on pu lire cette
réflexion sur les forums d'internet ? A première vue, oui,
celà représente une somme non négligeable qu'il faut sortir.
Si le Clavius était un simple Newton, ou même un
Schmidt-Cassegrain, en effet celui-ci est cher. Pour celui qui
ne connait pas l'instrument pour ne l'avoir jamais manipulé et
regardé les astres avec, il n'y a aucun doute, le Clavius est
cher ! Maintenant, des tests ont été réalisés en comparaison
avec des instruments réflecteurs et réfracteur de diamètres
plus ou moins inférieurs à celui du Clavius. Il s'avère que ce
dernier vaut parfaitement une lunette apochromatique de 150mm.
Maintenant, je pose les questions suivantes aux personnes qui
sont persuadées pour on ne sait quelle raison que le Clavius
est cher : A combien revient une lunette apochromatique d'un
diamètre de 150 ou 160 mm avec la qualité de fabrication de
celle du Clavius ? Quel est le poids de cette même lunette ?
Quel est sont encombrement ? Réponses : comptez 3 à 5 fois le
prix du Clavius pour une 150mm APO en moyenne, le poids est
supérieur à 6.5kg et l'encombrement minimum 1072 mm X 170 mm !
Si quelqu'un trouve un instrument, avec le même rapport
F/d, un poids inférieur à 3kg (Clavius II), sans lame ou
lentille frontale, aussi compact, donnant les mêmes résultats
ou supérieurs, offrant un champ quasi-plan sur 1° d'arc, avec
une meilleure rapidité à se stabiliser à la température
ambiante et pour un prix inférieur, je veux bien rentrer dans
les ordres à la minute qui suit ! Si on veut un instrument de
qualité, voire de grande qualité, c'est largement un minimum à
dépenser. A l'époque où j'ai acheté le Clavius, j'ai pu me le
payer avec mes indemnités de chômage pour
l'histoire.
Le Clavius est-il révolutionnaire ?
Est-ce que la question signifie, si le Clavius est
révolutionnaire, j'achète sinon je n'achète pas ? Il est en
tout cas sans concurrent dans sa gamme pour les raisons que je
viens d'évoquer.
L'important est de savoir quels sont
vos besoins pour pratiquer votre passion. Que souhaitez-vous
faire avec un télescope, qu'en attendez-vous. Quelque soit
l'instrument que vous acheterez, il sera toujours trop cher si
vous ne l'exploitez pas aux mieux de ses performances
potentielles. Pour ma part, j'ai jamais autant utilisé mon
télescope depuis que j'ai le Clavius car simplement c'est
l'instrument qu'il me fallait. Quelque soit votre projet
d'achat, réfléchissez s'il répondra à vos critères de
recherches et d'utilisation. Il est clair que si j'avais voulu
faire du ciel profond à outrance, ce n'est pas le Clavius que
j'aurais choisi mais au minimum un instrument de 300 à 350mm
de diamètre. Il faut savoir ce que l'on veut et ne pas avoir
peur d'y mettre le prix. Comparé à d'autres instruments et
étant donné l'usage que j'en ai et les résultats que j'en
tire, le Clavius est pour moi plutôt bon marché ! |
CONCLUSION
Le Clavius est un instrument qui, sans
conteste, offre des images de grande qualité.
Polyvalent, il procure une finesse d'image et un excellent
contrast aussi bien en observation planétaire qu'en ciel
profond. Sa compacité et son poids font de celui-ci un
instrument facile à transporter et utilisable dans de
nombreuses situations, n'importe où. C'est un instrument
précis, d'une belle finition, idéal pour l'observation
visuelle et l'imagerie numérique. Sa planéité de champ est
remarquable lors de la réalisation de mosaïque planétaire et
les étoiles restent piquées d'un bord à l'autre de l'oculaire,
le vignettage est totalement absent. Son tube en fibre de
carbone lui permet d'acquérir une stabilité thermique en moins
de 30mn ce qui le rend très vite opérationnel pour une soirée
d'observation. C'est un télescope destiné aux amateurs
exigeants et qui recherchent un instrument efficace pour des
observations fréquentes et précises des objets célestes. Grâce
à sa queue d'aronde, il peut s'installer sur diverses
montures. Associé à une monture Perl-Vixen GP, l'ensemble est
harmonique et le suivi sans surprise. C'est un télescope qui
ne demande plus qu'à acquérir la confiance d'un public
objectif et affranchi des nombreuses critiques infondées dont
il a fait l'objet. Après c'est comme tout, si l'instrument est
bon et l'utilisateur médiocre, l'ensemble ne fera pas de
miracle !
Il est certain que cette page-web consacrée
au Clavius et à une partie de son histoire ne va pas plaire à
tout le monde, voire même pas du tout, et c'est tant mieux !
Réagiront, les personnes qui se seront certainement senties
visées dans les propos tenus ici. Je tiens à dire à ces
personnes, que si cette page les dérange, elle est en quelque
sorte le fruit des divers propos tenus par celles-ci et dont
le caractère a été calomnieux et outrageant pour les personnes
directement ou indirectement liées aux Clavius. C'est un juste
retour des choses...
Dans cette mixture de critiques
gratuites, il devient difficile à l'amateur qui serait tenté
par l'acquisition de cet instrument de s'y retrouver. Pour
ceux, qui n'aurait pas suivi tout l'affaire, j'espère que
cette page vous aura aidé à mieux comprendre ce qui s'est
passer autour de ce télescope. J'espère également que celà
vous aidera dans votre choix, même si vous n'optez pas pour ce
fabuleux instrument.
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LES
LIENS PARLANT DU CLAVIUS
Les liens suivants sont plus techniques
et vous aideront à vous familiariser avec le télescope en
détails grâce à des images de l'instrument. Ces sites sont de
qualité, je vous conseille vivement de les consulter. Mais
avant de vous décider à acheter ou ne pas acheter le télescope
de vos rêves n'oubliez pas que la meilleure des appréciations
sera celle que vous aurez faite par vous-même loin des
critiques gratuites et non constructives.
Autres pages à consulter :
(le site de Laurent)
(le site de
Jean-Louis Perla)
Didier
Favre
Je tiens à souligner que je n'ai aucune relation
particulière avec la société Clavé en dehors des relations
contractuelles client-fournisseur. Si celà devait changer,
vous en serez informés sur cette même page.
Article
réactualisé en novembre 2004.
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